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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 10:51


Des républiques bananières aux républiques « baltaguières »
Par Ahmed Saïfi Benziane
« Le chien du chef du village, n'est pas le chef des chiens du village. » 
« Si tu parles à quelqu’un et qu’il ne t’écoute pas, tais-toi. Écoute-le ! Peut-être en l’écoutant tu sauras pourquoi il ne t’écoute pas. » 
(Proverbes africains). 

Bien plus qu’un terme populaire le « baltagui » est devenu un concept soutenant les pouvoirs arabes par le bas, pendant qu’ils se sucrent par en haut. Les sociologues dont on attend qu’ils nous livrent leurs premières impressions sur ce que vit le monde arabe, nous diront peut-être un jour quel était le rôle social du « baltagui », comment il est recruté, maintenu en état de faux sommeil, entraîné à taper sur la liberté de parole avant de taper sur les corps, puis comment il est retiré de la consommation, une fois la peur des peuples vaincue. Les républiques bananières en ont fabriqué pour leurs vieux jours comme on fabrique des produits périmés à la sortie d’usine. En Tunisie on a parlé de milices disposées à couvrir la fuite de Ben Ali et des siens, après avoir vainement essayé l’usage du baltaguisme qui se manifeste par des contre manifestations, hissant drapeaux nationaux, portraits présidentiels en voie de disparition, criant quelqu es restes de slogans pourris par le temps. En Egypte il a envahi la place Tahrir à dos de chameaux et de chevaux, bâtons en mains avant de se rétracter derrière des jets de pierres scandant le nom d’un Raïs agonisant politiquement, balbutiant quelques discours de fin de règne, comme dans une prophétie pharaonique. Au Yemen il a été utilisé comme paravent à la chute graduelle de grand frère Président, d’un pays où la pauvreté mord par les genoux une population unie pour le pire entre nord et sud, par la grâce d’une boussole déréglée. En Lybie on a réussit à en faire une majorité pétrolière qui baisse l’échine devant tous les Lockerbies du passé, usant d’un Islam politiquement incorrect. En Algérie le baltaguisme a démontré sa faiblesse à manifester sa satisfaction d’un pouvoir douteux en dehors des marches contre ce même pouvoir. En Algérie il s’unit autour d’un programme présidentiel, fait approuver un mandat à vie anticonst itutionnel et honteux, accroche d’immenses portraits dans le ciel du pays, occupe des postes et des fonctions en panne, occupe la télévision d’Etat qui a la face du bolchévisme révisionniste et qui diffuse des images volées aux mensonges, détourne de l’argent, se créé de fausses amitiés et de vrais ennemis. Il avait trois têtes sous forme de partis politiques, mais en réalité chaque tête en a produit d’autres pour avaler un peuple plus rapidement et avant qu’il n’ait le temps de se révolter. Il est composé de femmes et d’hommes capables de dire une chose et son contraire dans une même phrase et sans ponctuation, sans retenues, sans cligner des yeux. Il peut dire au lendemain d’une marche citoyenne comme celle du 12 février dernier que « les forces politiques et sociales accréditées ont le droit à l'expression pacifique et civilisée de leurs positions et opinions loin de toute atteinte à l'ordre public » ou encore « certaines parties ont tenté d'organiser une marche samedi à Alger, en dépit de son interdiction par les autorités locales », avant de se féliciter de « la prise de conscience par les citoyens du contenu des slogans scandés par les organisateurs ». Dans la même phrase sous forme de communiqué d’un vieux parti de vieux, au moment où le silence pouvait au moins les faire oublier en attendant leur disparition définitive. La prostate et la ménopause ne peuvent pas tout faire accepter. Et comme dit par un autre proverbe africain : « celui qui a un œuf dans son sac, ne danse pas. » Alors revenons au baltaguisme. En égyptien baltagui veut tout simplement dire voyou. Le terme est révélé au monde sur une place publique à dos d’animaux de trait pour définir les pro- pouvoir et s’est installé confortablement dans le langage politique lors d’une révolte qui touchera qu’on le veuille ou pas une entité géo ethnique, le monde arabe. Ce monde qui s’est suffit d’une su ite de versets sataniques dictés par l’inconscient pour exister aussi longtemps que possible dans sa seule mémoire. Ce monde arabe dont on dit qu’il bouge par la grâce d’une stratégie américaine pensée et réfléchie dans de vrais cabinets et de vrais stratèges qui défendent leurs intérêts d’abord. Il se trouve qu’aujourd’hui leurs intérêts se rencontrent avec la démocratisation de peuples poussés au désespoir à l’immolation par le feu, à s’embarquer dans le premier rafiot en partance vers des lumières qui inondent pourtant leurs terres. Le baltaguisme est le signe de la fragilité d’une politique construite sur le silence et par lui, construite sur le meurtre des valeurs humaines et sur la corruption comme instrument de domestication. Qu’il utilise des chamelles comme en Egypte ou des portraits et l’insulte de l’autre comme en Algérie, cette facette d’un pouvoir incapable de se défendre par le débat livre des lectures sur un pa ssé composite qui a fait écrire à feu Boudiaf « Où va l’Algérie ? » Et si les manifestants du 12 février étaient peu nombreux dans l’arithmétique du pouvoir, c’est que le pouvoir n’a jamais su compter l’argent du peuple le confondant avec sa propre tirelire. Les baltaguia du pouvoir non plus n’étaient pas nombreux bien que sénateurs et autres députés cachés derrières les services d’ordre poussant la jeunesse contre la jeunesse avant de se retirer dans leurs quartiers réservés. C’est qu’ils ne peuvent plus mobiliser avec autant de certitude pour justifier la mégalomanie des hommes du moment. C’est aussi qu’ils sont honnis et méprisés pour avoir bourré les urnes jusqu’à explosion sociale. Le baltaguisme a la vie dure et courte pour ceux qui ne l’ont pas encore compris. C’est le propre des républiques bananières dans leurs derniers retranchements qui ont désertifié un pays pour jouer au marchand de sable et endormir un peup le. Mais comme dit enfin un proverbe africain : « il n’y a pas de marchand de sable riche dans un désert. »

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 15:22

Où sont les Ferhat Abbas aujourd'hui?

 

APPEL AU PEUPLE ALGÉRIEN

(Extrait)

Algériens, algériennes!

Le régime colonial contre lequel nous nous sommes mobilisés nous avait humilié. Il nous avait interdit dans notre propre pays l'exercice de la souveraineté nationale en limitant nos problèmes aux questions alimentaires et économiques.

Depuis notre indépendance, le régime du pouvoir personnel nous a conduit  progressivement

à la même condition de sujets, sans liberté et sans dignité.

Cette subordination est une insulte à la nature même de l'homme et de l'algérien en particulier. Elle est une atteinte à sa personnalité.

C'est pourquoi des hommes, militants de bonne volonté, se sont rencontrés pour dénoncer cet état de chose et mettre fin à l'indignité qui nous frappe. Ils appellent les algériens à lutter afin:

  1. D'élire par le peuple, librement consulté, une assemblée nationale constituante et souveraine.
  2. De mettre fin au système totalitaire actuel et élever des barrières légales contre toute velléité de ce genre.
  3. D'établir les libertés d'expression et de pensée pour lesquelles le peuple algérien a tant combattu.
  4. D'œuvrer pour un Maghreb arabe uni, islamique et fraternel.

Alger, mars 1976

 

 

FERHAT ABBAS

Ancien président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne. Pharmacien

 

 

BENYOUCEF BENKHEDDA

Ancien président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne. Pharmacien

 

 

HOCINE LAHOUEL

Ancien secrétaire Général du Parti du Peuple Algérien et du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques, ancien représentant du FLN à l'extérieur   

 

CHEIKH MOHAMED KHERIDDINE                    

 

Ancien Membre du Conseil National de la Révolution Algérienne, Trésorier Association des ulémas.

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 12:41

Les interprétations en France des révoltes populaires dans le monde arabe sont des indicateurs de nos perceptions de ce même monde. Lorsque l'Europe s'appesantit sur son pessimisme et se lamente sur sa crise, des peuples soumis au joug des tyrans relèvent la tête et se battent pour la liberté. 

De quoi donner du courage et bousculer notre apathie pour nous engager dans le combat pour une société plus juste et moins « aristocratique ».

Un inattendu choc des civilisations 

Certes, nous avons ce confort qui nous assoupit et le spectre du chômage qui nous aliène. La France de la Révolution française observe la révolution dans les pays arabes peut-être avec envie, tandis que ses élites politiques et certains de ses intellectuels craignent ce bouleversement et le commentent selon des grilles de lecture d'un autre temps, héritées du colonialisme.

Ils se demandent comment d'anciens colonisés sont capables de se révolter, eux, ces « attardés de la civilisation », ces « islamistes-terroristes » obnubilés par leur religion « rétrograde ». Ces femmes qu'en Occident nous voulions libérer en leur enlevant le voile sont là-bas sur les places publiques – avec ou sans voile – en train de mener la rébellion à côté des hommes et sur un pied d'égalité.

De surcroît, ces « laissés-pour-compte » de la modernité ont fait leur révolution en passant par les moyens les plus sophistiqués de la technologie, pendant que nous, nous les utilisons le plus souvent pour dire que nous sommes en promenade ou que nous fêtons un anniversaire…

C'est là que se situe le « choc des civilisations », en fait dans notre manière d'être à la traîne des grands enthousiasmes, des grandes causes susceptibles de changer notre société. Prisonniers de notre conservatisme, voilà que nous sommes confrontés à l'explosion positive, celle qui s'est donnée comme but de renvoyer les tyrans et les exploiteurs comme des malpropres, ce qu'ils sont.

L'islam comme grille de lecture

Nous avons lu les événements à travers la loupe grossissante de l'islamisme, ennemi de la modernité et de l'Occident. Des tendances qui certes existent à l'intérieur de l'islam et qui ne sont pas étrangères au monde arabe, multiforme pourtant et non réductible au schéma que nous imposons par ailleurs aussi bien à l'islam en Occident qu'à l'islam en monde arabe. 

L'Iran est devenu l'objet de nos focalisations que nous exportons sur tout ce qui bouge en Méditerranée musulmane.

En fait, nous avons traité ces pays en ébullition avec l'arrogance héritée du colonialisme. Nous avons même oublié que ces mêmes peuples s'étaient déjà révoltés contre la colonisation elle-même et avaient acquis l'indépendance au prix de grandes luttes, et que ce n'est pas la première fois qu'ils prennent leur destin en main comme de vrais adultes et pas comme des enfants.

Il est vrai que la diplomatie préfère la stabilité à l'inconnu. Et pourtant, c'est dans cet inconnu que réside l'avenir de ces sociétés aspirant à tous ces droits universels qui ne sont pas seulement l'apanage des Lumières, mais le bien commun de l'humanité. 

L'épouvantail des islamistes ne suffit plus à les faire reculer. Et si les mouvements d'obédience islamique se positionnent sur l'échiquier politique et arrivent au pouvoir par un processus démocratique, l'Occident ne va tout de même pas intervenir pour l'arrêter. 

La Turquie est dirigée par une sorte de « démocratie musulmane » et le pays n'en connaît pas moins une croissance économique qui fait pâlir l'Europe, sans perdre de son dynamisme, de sa créativité et de son inventivité. 

Est-ce qu'on viendrait dire que l'émergence d'une « démocratie chrétienne » en Europe serait elle aussi un assaut contre les libertés, pendant que les extrêmes droites racistes, islamophobes et populistes guettent le pouvoir ? Bien sûr que non. Mais comment convaincre ? 

Islam, Israël et révoltes en terres arabes

Le Point du 3 février et L'Express du 9 donnaient leur réponse par leur première de couverture. D'un côté, une femme voilée musulmane avec ce titre : « Le spectre islamiste ».

De l'autre, une jeune soldate israélienne en train d'ajuster son casque militaire, avec ce titre : « Israël face au réveil arabe ». 

C'est clair : ici, l'islam rétrograde, là, Israël, moderne et allié de l'Occident. Cette comparaison n'est pas fortuite, elle hante également l'esprit de nombre d'intellectuels à l'idéologie acrobatique. 

Selon eux et certains « experts » (dont la plupart connaissent fort peu la région), les révoltes en monde arabe ne pourront que se terminer dans l'islamisme, qui mettrait en danger Israël. Iran, Hamas, Hezbollah, Tunisie, Egypte même combat. Si les Pays-Bas ne sont pas la France, pourquoi l'Egypte serait-elle l'Iran et la Tunisie le Liban ? 

Mais pour les prochaines élections, à défaut de vrais projets politiques, certains partis utiliseront comme repoussoir l'écharpe verte de l'islam. Pourquoi perdre du temps et soutenir ce qui se passe dans cette Méditerranée qui nous est si proche et, qui plus est, en se démocratisant davantage, se rapprochera plus encore des pays occidentaux qui sont alentour pour reconstruire une véritable mare nostrum, ensemble de partenaires démocratiques et moins corrompus ? 

La seconde peur est que les « islamistes » au pouvoir mettent en danger Israël. Pense-t-on vraiment que du jour au lendemain, ces pays cesseront leurs relations, en l'occurrence l'Egypte, avec Israël ? Qu'Israël est seul, frêle et sans défense dans la région ? Que l'équilibre géopolitique serait du jour au lendemain bouleversé par un démocrate remplaçant un tyran ? Et que ce seront, quoi qu'il arrive (fatalité inévitable…), les islamistes, comme en Iran, qui prendront le pouvoir ? 

Une fois de plus, nous voilà pris au piège de ce nœud où s'imbriquent islamisme, conflit israélo-palestinien, héritage colonial, rejet de l'islam et arrogance occidentale.

Visites payées chez le « prince » arabe

Même ces visites aux frais de ces princes corrompus qu'ont effectuées notre Premier ministre et notre ministre des Affaires étrangères rappellent d'autres temps où on allait se servir « là-bas », quitte à soutenir au moins « moralement », contre les services rendus, des despotes locaux ou régionaux peu recommandables.

L'ambassadeur de France en Tunisie lui-même s'est révélé incapable de regarder objectivement la rébellion qui se développait sous ses fenêtres, aveuglé par sa propre vision des choses : celle de la stabilité (souhaitée) du régime de Ben Ali. Cette stabilité (dont on a découvert la fragilité du jour au lendemain), ces dirigeants avec qui on sait parler sont décidément bien plus importants pour nos élites politiques que la liberté des peuples arabes, dont on n'a que faire.

A quand une révolution des mentalités chez nous pour mieux prévoir et mieux se porter en avant ? Oui, nous avons besoin d'un vrai choc pour nous secouer en profondeur et réveiller nos sociétés ensommeillées.

Esther Benbassa
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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 21:56

Israël et la Révolution arabe, le syndrome d’El Khalil

 

El Khalil (Hébron), ville palestinienne de 150.000 habitants, "abrite" quatre-cents colons israéliens, protégés par un millier de militaires. Ces colons pourrissent la vie des Palestiniens, entre autres en déversant leurs ordures sur les toits des maisons. Cela a contraint les Palestiniens à tendre des filets de protection au dessus de leurs cours. Par ailleurs, il prend envie à ces colons de faire une promenade dans les rues de la ville ; l’armée organise alors le bouclage complet de la ville et instaure un couvre-feu qui dure le temps que dure le bon plaisir des promeneurs qui, naturellement, prennent tout leur temps.

Ainsi, la vie de dizaines de milliers de Palestiniens est entièrement subordonnée aux caprices de quelques centaines de fous furieux dont le passe-temps favori est de faire pleuvoir leurs déchets sur les toits de leurs voisins et de jouer du fusil mitrailleur.

Ce microcosme peut aisément être transposé à l’échelle du monde. Tout le monde a remarqué qu’Israël s’"inquiète" du vent de contestation des régimes qui souffle en terre arabe, au motif qu’il "risque d’amener les intégristes au pouvoir". Certains, bien naïfs, s’étonnent que la "seule démocratie de la région" ne salue pas l’avènement d’autres démocraties qui viendraient rompre cette solitude dont il se plaint si fort. En réalité, c’est qu’Israël est, jusqu’à aujourd’hui, très satisfait de l’ordre du Proche-Orient. Des dizaines de millions d’Egyptiens, de Syriens, de Jordaniens… voient leur liberté et leur bien-être sacrifiés sur l’autel du confort de quelques millions d’Israéliens dont la sécurité est un impératif qui prime (mais à quel titre ?) sur toute autre considération. Comme les malheureux habitants d’El Khalil, leur vie est suspendue au bon vouloir d’un gouvernement étranger qui les méprise autant qu’il méprise le pouvoir local qui lui est inféodé et qui exécute ses basses œuvres.

Quel remarquable silence de la coterie d’intellectuels occidentaux autoproclamés défenseurs des droits de l’Homme, si prolixes quand il s’agit du Tibet ou du Darfour, si gênés aux entournures qu’ils en oublient de saluer le combat d’un peuple pour sa liberté. A l’évidence, la possibilité pour l’homo arabicus d’accéder à la dignité et à la maîtrise de son destin n’était, non seulement pas envisagée, mais certainement pas souhaitée. C’est que ce peuple se mêlerait sans doute de soutenir les Palestiniens sous occupation plutôt que de participer à leur bouclage. C’est qu’il pourrait remettre en cause des pactes léonins pour lesquels son avis n’avait pas été sollicité…

Cela n’a sans doute pas compté pour peu dans le déclenchement de l’insurrection citoyenne qui court comme un incendie à travers le monde arabe.

Israël est inquiet de l’évolution de la situation en Egypte ? C’est le signe qu’elle va dans le bon sens !

Brahim SENOUCI

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 21:28

 

La Palestine au coeur de la Révolution Arabe? Un point de vue d'Uri Avnery, militant anticolonialiste israélien. 

Encore en Anglais! Mille excuses...

Uri Avnery

February 5, 2011

 

                                               A Villa in the Jungle?

 

WE ARE in the middle of a geological event. An earthquake of epoch-making dimensions is changing the landscape of our region. Mountains turn into valleys, islands emerge from the sea, volcanoes cover the land with lava.

 

People are afraid of change. When it happens, they tend to deny, ignore, pretend that nothing really important is happening.

 

Israelis are no exception. While in neighboring Egypt earth-shattering events were taking place, Israel was absorbed with a scandal in the army high command. The Minister of Defense abhors the incumbent Chief of Staff and makes no secret of it. The presumptive new chief was exposed as a liar and his appointment canceled. These were the headlines.

 

But what is happening now in Egypt will change our lives.

 

 

AS USUAL, nobody foresaw it. The much-feted Mossad was taken by surprise, as was the CIA and all the other celebrated services of this kind.

 

Yet there should have been no surprise at all - except about the incredible force of the eruption. In the last few years, we have mentioned many times in this column that all over the Arab world, multitudes of young people are growing up with a profound contempt for their leaders, and that sooner or later this will lead to an uprising. These were not prophesies, but rather a sober analysis of probabilities.

 

The turmoil in Egypt was caused by economic factors: the rising cost of living, the poverty, the unemployment, the hopelessness of the educated young. But let there be no mistake: the underlying causes are far more profound. They can be summed up in one word: Palestine.

 

In Arab culture, nothing is more important than honor. People can suffer deprivation, but they will not stand humiliation.

 

Yet what every young Arab from Morocco to Oman saw daily was his leaders humiliating themselves, forsaking their Palestinian brothers in order to gain favor and money from America, collaborating with the Israeli occupation, cringing before the new colonizers. This was deeply humiliating for young people brought up on the achievements of Arab culture in times gone by and the glories of the early Caliphs.

 

Nowhere was this loss of honor more obvious than in Egypt, which openly collaborated with the Israeli leadership in imposing the shameful blockade on the Gaza Strip, condemning 1.5 million Arabs to malnutrition and worse. It was never just an Israeli blockade, but an Israeli-Egyptian one, lubricated by 1.5 billion US dollars every year.

 

I have reflected many times – out loud – how I would feel if I were a 15 year-old boy in Alexandria, Amman or Aleppo, seeing my leaders behave like abject slaves of the Americans and the Israelis, while oppressing and despoiling their own subjects. At that age, I myself joined a terrorist organization. Why would an Arab boy be different?

 

A dictator may be tolerated when he reflects national dignity. But a dictator who expresses national shame is a tree without roots – any strong wind can blow him over.   

 

For me, the only question was where in the Arab world it would start. Egypt – like Tunisia – was low on my list. Yet here it is – the great Arab revolution taking place in Egypt.

 

 

THIS IS a wonder in itself. If Tunisia was a small wonder, this is a huge one.

 

I love the Egyptian people. True, one cannot really like 88 million individuals, but one can certainly like one people more than another. In this respect, one is allowed generalize.

 

The Egyptians you meet in the streets, in the homes of the intellectual elite and in the alleys of the poorest of the poor, are an incredibly patient lot. They are endowed with an irrepressible sense of humor. They are also immensely proud of the country and its 8000 years of history.

 

For an Israeli, used to his aggressive compatriots, the almost complete lack of aggressiveness of the Egyptians is astonishing. I vividly remember one particular scene: I was in a taxi in Cairo when it collided with another. Both drivers leapt out and started to curse each other in blood-curling terms. And then quite suddenly, both of them stopped shouting and burst into laughter.

 

A Westerner coming to Egypt either loves it or hates it. The moment you set your foot on Egyptian soil, time loses its tyranny. Everything becomes less urgent, everything is muddled, yet in a miraculous way things sort themselves out. Patience seems boundless. This may mislead a dictator. Because patience can end suddenly.

 

It’s like a faulty dam on a river. The water rises behind the dam, imperceptibly slowly and silently – but if it reaches a critical level, the dam will burst, sweeping everything before it.

 

 

MY OWN first meeting with Egypt was intoxicating. After Anwar Sadat’s unprecedented visit to Jerusalem, I rushed to Cairo. I had no visa. I shall never forget the moment I presented my Israeli passport to the stout official at the airport. He leafed through it, becoming more and more bewildered – and then he raised his head with a wide smile and said “marhaba”, welcome. At the time we were the only three Israelis in the huge city, and we were feted like kings, almost expecting at any moment to be lifted onto people’s shoulders. Peace was in the air, and the masses of Egypt loved it.

 

It took no more than a few months for this to change profoundly. Sadat hoped – sincerely, I believe – that he was also bringing deliverance to the Palestinians. Under intense pressure from Menachem Begin and Jimmy Carter, he agreed to a vague wording. Soon enough he learned that Begin did not dream of fulfilling this obligation. For Begin, the peace agreement with Egypt was a separate peace to enable him to intensify the war against the Palestinians.

 

The Egyptians – starting with the cultural elite and filtering down to the masses – never forgave this. They felt deceived. There may not be much love for the Palestinians – but betraying a poor relative is shameful in Arab tradition. Seeing Hosni Mubarak collaborating with this betrayal led many Egyptians to despise him. This contempt lies beneath everything that happened this week. Consciously or unconsciously, the millions who are shouting “Mubarak Go Away” echo this contempt.

 

 

IN EVERY revolution there is the “Yeltsin Moment”. The columns of tanks are sent into the capital to reinstate the dictatorship. At the critical moment, the masses confront the soldiers. If the soldiers refuse to shoot, the game is over. Yeltsin climbed on the tank, ElBaradei addressed the masses in al Tahrir Square. That is the moment a prudent dictator flees abroad, as did the Shah and now the Tunisian boss.

 

Then there is the “Berlin Moment”, when a regime crumbles and nobody in power knows what to do, and only the anonymous masses seem to know exactly what they want: they wanted the Wall to fall.

 

And there is the “Ceausescu moment”. The dictator stands on the balcony addressing the crowd, when suddenly from below a chorus of “Down With The Tyrant!” swells up. For a moment, the dictator is speechless, moving his lips noiselessly, then he disappears. This, in a way, happened to Mubarak, making a ridiculous speech and trying in vain to stem the tide.

 

 

IF MUBARAK is cut off from reality, Binyamin Netanyahu is no less. He and his colleagues seem unable to grasp the fateful meaning of these events for Israel.

 

When Egypt moves, the Arab world follows. Whatever transpires in the immediate future in Egypt – democracy or an army dictatorship - It is only a matter of (a short) time before the dictators fall all over the Arab world, and the masses will shape a new reality, without the generals.

 

Everything the Israeli leadership has done in the last 44 years of occupation or 63 years of its existence is becoming obsolete. We are facing a new reality. We can ignore it – insisting that we are “a villa in the jungle”, as Ehud Barak famously put it – or find our proper place in the new reality.

 

Peace with the Palestinians is no longer a luxury. It is an absolute necessity. Peace now,  peace quickly. Peace with the Palestinians, and then peace with the democratic masses all over the Arab world, peace with the reasonable Islamic forces (like Hamas and the Muslim Brothers, who are quite different from al Qaeda), peace with the leaders who are about to emerge in Egypt and everywhere.    

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 21:13

En Anglais, malheureusement non traduite

 

Dear Brahim, 

 When I was contemplating launching a Los Angeles chapter of Jewish Voice for Peace last fall, I consulted with some very wise and knowledgable friends first.  I went forward knowing that it would be not only difficult, but potentially frightening and perhaps even dangerous.  I took into account that part of my job would be keeping all around me and all who choose to become active as safe as possible.

Wednesday morning I found a slightly crumpled piece of paper stuffed in a plant on my front porch.  When I unfolded it I saw my photo under the words,"Wanted For Treason And Incitement Against Jews." My first thought was, wow-- that didn't take long. 
Then my heart sank when I saw the names of children in my family.

I am happy to say that the detective at my local police department took the matter very seriously.  I am also lucky to live in a neighborhood that the police patrol regularly and which has a great network of neighbors who all look out for each other.

I feel supported by my friends, family local activist community and by the wonderful staff and board of Jewish Voice for Peace.  I feel safe. I am not afraid.  But I do think this is a great reminder that we should ALL be aware, safe and steadfast in our commitment to equal safety and rights for all peoples.

While we don't know who did it, and perhaps never will, we do know that they are cowards. And that we won't back down.

When two members of Jewish Voice for Peace in Northern California were recently pepper-sprayed at a chapter meeting by a member of pro-settler group StandWithUs, they didn't back down.(1) When the same JVP chapter along with Women in Black and Palestinian allies endured an hour of threats and hate speech at a silent vigil, they didn’t back down.(2) When the JVP staff repeatedly found "Viva [mass murderer] Baruch Goldstein"  stickers outside of their offices, they didn't back down.(3)

Instead, Jewish Voice for Peace is gathering as a national movement in Philadelphia to continue our growth across the nation. The kind of growth that led to a watershed profile in today's New York Times. (4) We will do so in a changed world. This week, perhaps like you, I've been transfixed by images on the television of everyday people like you and me in the streets of Cairo, risking everything for democracy, for freedom, for human and civil rights, for a better life for themselves and their nation's children.

The risks are always the same. Throughout history, every movement for freedom has faced backlash, threats, and violence. And throughout history, there have been people acting together who have faced their fear and decided the price of silence was too much to pay.

I know internationals, Israelis and most of all Palestinians who have lost an eye, a home, a child, a loved one. But, amazingly, they don't hide. They speak out even louder. They are my heroes. And it is for them and because of them that I publicly redouble my commitment to being smart, strategic, brave and loud-- most of all, loud. And to join with others so we can be even louder together. 

Together, we are the majority of Jews, Americans, and citizens of the world who know that Israel's violations of human rights must end. That Palestinians deserve the same rights that my Israeli family has-- to have safe homes, to go to school, to go to work, to grow and be sustained by food from the earth. But as long as we let acts of cowardice like this WANTED poster keep us quiet and fearful, then the others' voices will drown ours out. 

That's why I hope you'll join me at the Jewish Voice for Peace National Member Meeting in Philadelphia March 11- 13. Let's send a message to those who did this to me and so many others.  

Let's send a message to the people pushing occupation and injustice that threats and violence will only hasten their defeat, and that we are together and strong.


 

Estee Chandler, 
Jewish Voice for Peace-Los Angeles

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 12:42

Le Monde Arabe : Retour à l’Histoire ?

 

Dans un article écrit il y a deux ans, peu avant la fin du massacre de Gaza, , j’avais écrit ceci (http://brahim-senouci.over-blog.com/article-26832721.html):

La tragédie de Gaza est d’abord, bien sûr, celle des Palestiniens, punis pour leur quête obstinée de liberté. Elle est aussi celle du monde arabe. Gouverné par des potentats ventrus dont le seul horizon politique est celui du maintien au pouvoir et de sa transmission à leur progéniture, il assiste au spectacle de sa déconfiture dans le réduit mortifère de Gaza. C’est là que se joue, en effet, en modèle réduit et en accéléré, la répétition de la pièce de théâtre dans laquelle il tiendra le rôle principal, celui du cadavre empuanti (encerclé, dirait Kateb Yacine), gisant sur un matelas de pétrodollars.

Cette sombre prévision était d’actualité au moment de la sortie de ce papier. Souvenons-nous du paysage politique d’alors. Le monde occidental s’inquiète de l’émergence de nouveaux acteurs qui viennent bousculer, sinon contester sa prééminence. La Chine, en particulier, s’impose à l’évidence comme la grande puissance de demain. Beaucoup interprètent, à tort, comme une erreur le fait qu’elle ait engrangé plusieurs centaines de milliards de dollars de créances douteuses aux Etats-Unis. C’est, au contraire, une manière de peser sur un futur partenaire-rival et de négocier avec lui en position de force au moment où se lancera le Grand Jeu planétaire. Outre la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, parlent d’une voix de plus en plus forte et revendiquent une participation de plus en plus importante dans la conduite des affaires du monde. Les dragons asiatiques inondent les marchés de produits de plus en plus sophistiqués. Même l’Afrique subsaharienne relève la tête et affiche des taux de croissance qui lui permettent de pouvoir envisager une sortie à terme du sous-développement.

Pendant ce temps, Israël, petit pays de quelques millions d’habitants, doté d’armes de destruction massive il est vrai, s’acharne sur Gaza, petit réduit arabe surpeuplé, d’abord en le maintenant sous blocus puis en faisant pleuvoir sur lui plus de bombes que ce qu’a reçu l’Allemagne nazie en six années de guerre !  Les deux-cents millions d’Arabes environnants contemplent le spectacle, impuissants. Leurs dirigeants autoproclamés sont non seulement inertes mais contraints même dans leur expression. Ils ne doivent pas condamner de manière trop violente cette opération car ils se feraient recadrer par leurs protecteurs qui sont, sinon les promoteurs du massacre, en sont du moins les complices. Ainsi, le monde arabe, loin des lumières de la civilisation brillante dont il illumina le monde, encombré des richesses dont la Nature l’a dotés, richesses vouées à être partagées entre ses prédateurs locaux et les puissances étrangères qui leur assurent la sécurité, signe par son silence humiliant face au massacre de Gaza sa sortie de l’Histoire.

Tableau bien sombre… Peut-être l’est-il moins aujourd’hui. Les événements de Tunisie et d’Egypte, les soubresauts qui agitent l’Algérie, le Yémen et la Mauritanie, sont annonciateurs d’une transformation profonde, au pied de la lettre une révolution.

Contrairement à ce qu’avancent l’écrasante majorité des commentateurs, l’insurrection n’est pas seulement sociale. Bien entendu, la dégradation des conditions de vie a joué un rôle important dans son déclenchement. Elle n’est même pas seulement politique. Bien sûr, là encore, la soumission à des potentats corrompus est devenue insupportable et le désir de démocratie a fini par avoir raison de la peur qu’ils inspiraient. Mais il y a quelque chose de plus profond sans doute…

Il y a une forme de désespoir arabe, nourri par l’immense frustration d’une assignation humiliante à un rôle de figurant dans le théâtre du monde. Les conditions sociales sont globalement mauvaises, en dépit des richesses du sous-sol. La liberté d’expression est inexistante ; le bon vouloir des dirigeants est la règle. Quand une dictature s’établit, elle est en général le résultat d’un deal. En Tunisie, Ben Ali a pu régner 23 ans parce qu’il avait conclu avec son peuple un accord tacite, qui consistait en l’abandon par ce dernier de son libre arbitre en échange de la sécurité et d’une prospérité relative, mais aussi du maintien d’un certain ordre de nature à préserver un peuple frileux de la prise en main de son destin. Le même genre de deal a été passé dans l’écrasante majorité des pays arabes.

Je vous protégerai contre les dangers de l’aventure ; en échange, vous me serez soumis. Vous ne pouvez prétendre à mieux. Vous n’êtes pas capables de vous prendre en charge, de vous administrer. Vous êtes une entité décadente. Vous avez été colonisés et traités comme des sous-hommes des décennies durant. Contentez-vous du sort enviable d’enfants sages, subissant en silence la dictature d’un père cruel et cupide. Les vents du large ne sont pas pour vous ; laissez cela aux Européens, aux Asiatiques. Alimentez-les de votre pétrole et de votre gaz et courbez l’échine devant eux. A ce prix, vous aurez, nous aurons la paix des médiocres et des sans-grades.

Tel est, non dits inclus, le discours de nos dirigeants.

Et puis, cette situation est devenue insupportable, parce que ce père fouettard que nous craignions mais que nous respections parce que nous avions investi dans sa morgue et ses harangues les ultimes lambeaux de notre gloire s’est avéré lui-même être un domestique servile, sénile, voué à ramper devant ses maîtres et à accomplir les misérables tâches dont ils le chargent. Dans le même temps, le père fouettard s’est révélé incapable de remplir sa part de l’échange. L’insécurité, le chômage, la maladie sont devenues notre lot ; nos journées sont devenues des courses à handicap, consacrées à hanter les administrations en quête de ces documents dont se goinfre ce père indigne, à trouver des médicaments pour nos malades, à trouver de l’argent pour acheter des passe-droits, une place dans une queue, un visa pour ailleurs, une place dans le prochain radeau qui s’abîmera en mer avec nos enfants dont ce père  haïssable aura fait le désespoir.

Alors, nous avons choisi de laisser éclater notre colère. Nous restons sourds désormais aux discours de nos dirigeants qui nous expliquent qu’ils nous ont compris, qu’ils vont remédier à nos maux, baisser le prix de l’huile et du sucre, nous inscrire en masse sur les listes des attributaires futurs de logements fantômes…

Oui, Raïs de tous poils, nous avons grandi à votre ombre. Nous avons compris que vous n’êtes pas notre salut mais notre malédiction. Nous ne voulons plus de votre mépris ; nous avons compris que vous en êtes vous-mêmes l’objet, de la part de vos maîtres. Vous avez perdu à nos yeux tout ce pour quoi nous avons consenti si longtemps à vivre sous votre férule. Vous vous êtes consacrés à notre abaissement, jamais à notre élévation. Vous avez fait de notre quotidien un désert. Vous avez réussi à nous rendre insupportables et à fuir les beaux pays dont la Nature nous a dotés. Vous nous avez interdit la réflexion, l’éducation, la justice, le débat. Vous n’avez cessé de nous percevoir comme une menace. Il n’est jamais venu à l’esprit d’aucun d’entre vous de vous mettre à notre écoute, de servir nos intérêts, notre bien-être, de nous laisser rêver à un horizon moderne. Vous auriez bénéficié de la protection et de l’affection de vos peuples. Au lieu de cela, vous en êtes réduits à les quémander auprès de vos tuteurs étrangers qui vous méprisent. Voyez le sort du président tunisien qui les a si bien servis pendant des décennies, ce qui ne l’a pas empêché d’être rejeté comme un malpropre et d’entamer une vie de misérable errance.

Ce que veulent les peuples du monde arabe, c’est la fin des dictateurs infantilisants, l’accès à la maîtrise de leur devenir, leur présence à la table des discussions sur le devenir du monde, en bref de revenir dans l’Histoire.

Brahim SENOUCI

 

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 13:20

Les dealers d’opinion

On dit que chaque peuple a le gouvernement qu’il mérite. On pourrait ajouter que chaque époque a les intellectuels qu’elle mérite ; plus exactement, chaque époque met au pinacle les intellectuels qui lui ressemblent.

Rien d’étonnant que les années fric, esbroufe, bling bling aient produit une espèce d’intellectuel nouveau qui pourrait répondre à l’appellation de dealer d’opinion. Comme les camés parisiens qui hantent les abords de la Gare de Lyon ou les "mules" qui transportent dans leurs estomacs une centaine de capsules de cocaïne, ils proposent la même marchandise hallucinogène ayant pour vertu de travestir la réalité, l’espace d’un instant.

Ils ont pour noms Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann, Pascal Bruckner, Taguieff

Pascal Bruckner a défendu le durcissement des lois suisses sur l'immigration : La Suisse montre la voie à l'Europe, estime Pascal Bruckner. C'est une question de bon sens. Commençons par intégrer nos immigrés, par (...) en faire de vrais Suisses, de vrais Français ou de vrais Espagnols, avant d'en laisser entrer d'autres. Pascal Bruckner explique donc, posément, que les immigrés ne sont pas de vrais Français.

Rappelons-nous Alain Finkielkraut, au moment de l'embrasement des banlieues: Il est clair que nous avons affaire à une révolte à caractère ethnico-religieux..., ou encore : (L'équipe de France de football) est black-black-black, ce qui fait ricaner toute l'Europe. Si on fait une telle remarque en France, on va en prison, mais c'est quand même intéressant que l'équipe de France de football soit composée presque uniquement de joueurs noirs...

Ils se sont officiellement donné pour mission de faire du monde un endroit vertueux, en pourchassant dictatures, passe-droits, extrémismes… Ils pratiquent la révolte et l’indignation enflammées. Ils promènent leurs silhouettes germanopratines (du nom de leur quartier parisien d’élection, Saint-Germain-des-Prés) dans tous les coins du monde où ils estiment que les populations subissent exactions, tortures, assassinats… Ils sont au Darfour, en Afghanistan, en Géorgie… mais pas en Palestine.

Ne s’y passerait-il rien ? Si, bien sûr. Mais, saisis d’une inhabituelle modestie, ils préfèrent, comme Bernard…, n’étant pas un expert militaire,  s’abstenir de juger si les bombardements israéliens sur Gaza auraient pu être mieux ciblés, moins intenses. Leur ignorance a tout de même des limites. Ils nous expliquent doctement pourquoi il y a tant de victimes des bombardements israéliens : Le fait que les obus israéliens fassent, à l’inverse, tant de victimes ne signifie pas, comme le braillaient les manifestants de ce week-end, qu’Israël se livre à un "massacre" délibéré, mais que les dirigeants de Gaza ont choisi l’attitude inverse et exposent leurs populations : vieille tactique du "bouclier humain" qui fait que le Hamas, comme le Hezbollah il y a deux ans, installe ses centres de commandement, ses stocks d’armes, ses bunkers, dans les sous-sols d’immeubles, d’hôpitaux, d’écoles, de mosquées-efficace mais répugnant. Ils nous rappellent que l’armée israélienne (tout comme leurs amis sionistes et les imbéciles qui les reprennent dans discernement, ils la désignent du doux nom de Tsahal) : les unités de Tsahal ont, pendant l’offensive aérienne, systématiquement téléphoné (la presse anglo-saxonne parle de 100 000 appels) aux Gazaouis vivant aux abords d’une cible militaire pour les inviter à évacuer les lieux. Ils sont vraiment idiots, ces Gazaouis, pourtant prévenus, qui n’ont pas le réflexe de ses réfugier dans leurs riads de Marrakech en attendant le retour au calme ! Bernard… lui-même, qui en a vu d’autres n’a jamais vu une armée aussi démocratique, qui se pose tellement de questions morales, une armée, ajoute-t-il, économe en vies humaines, adepte de la pureté des armes. Il n’a rien à dire sur le blocus (mais on ne peut pas âtre partout, n’est-ce pas ?), un blocus qui proscrit le ciment, les crayons, la confiture, les pâtes alimentaires. Dommage, il aurait pu saluer la bienveillance et le sens de l’humour des autorités israéliennes qui viennent d’autoriser l’entrée de la mousse à raser dans une enclave terroriste réputée n’abriter que des barbus.

A destination des esprits mal intentionnés qui pourraient lui prêter des idées racistes ou islamophobes, il oppose son combat pour les musulmans bosniaques, les Tchétchènes, les Darfouris qui valent bien:pardon de parler comme ça, mais… – les 1200 morts palestiniens. Ceux qui pratiqueraient l’indignation sélective seraient donc les soutiens de la cause palestinienne, individus aux arrière-pensées nauséabondes, antisémites dissimulés sous le masque de l’appel à l’application du droit international. Ils sont nombreux, les antisémites en question. Ils se recrutent en masse parmi les juges de la Cour Internationale de Justice (14 antisémites sur 15 !), à l’Assemblée Générale des Nations Unies, parmi d’éminentes personnalités onusiennes, Richard Goldstone, Richard Falk, John Dugard, les associations de soutien aux droits humains comme Human Rights Watch. On les retrouve, horreur, en Israël même, peu nombreux, il est vrai, dans les universités, dans la société civile, dans les rangs d’une jeunesse qui refuse d’aller porter le fer en Palestine occupée…

Ces derniers temps, les dealers se répandent contre les appels au boycott (ciblés ou non), une arme indigne comme ils le professent dans une tribune parue dans Le Monde. Notre ami Ber… (Vraiment trop long, ce blaze ; personne n’a de diminutif autre que le ridicule acronyme dont il s’est affublé ?) a brandi cette même arme indigne contre le gouvernement chinois, accusé de soutenir le régime soudanais. Taguieff attaque violemment Stéphane Hessel, terroriste notoire, et lance un véritable appel au meurtre contre lui : Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme le nommé Hessel, il est compréhensible qu’on ait envie de lui écraser la tête.

Pierre Jourde, membre de la coterie, amalgame violence antijuive et manifestation contre les bombardements de Gaza : Que soutiennent-ils, en tant que quoi manifestent-ils, ceux qui cassent du juif, et ceux qui manifestent contre l’opération israélienne ? Derrière la compassion pour les victimes et le souci de justice affichés, les réactions contre Israël n’expriment-elles pas la vieille haine antisémite ? Il reprend le même argument, mensonger et idiot, que Be… : Savent-ils que l’intrication des combattants et des civils est telle, à Gaza, que faire le tri lors d’une opération militaire est d’une extrême difficulté ? A le suivre dans sa logique   aussi méprisante qu’imbécile, on devrait demander aux gendarmes du RAID, qui ont souvent affaire à de vraies situations de prises d’otages, pourquoi ils ne se contentent pas de tirer dans le tas et pourquoi ils s’acharnent à faire le tri.

Comme le dit l’ami Glucksmann, force est de relever le mot qui fait florès et bétonne une inconditionnalité du troisième type, laquelle condamne urbi et orbi l’action de Jérusalem comme “disproportionnée”. Un consensus universel et immédiat sous-titre les images de Gaza sous les bombes : Israël disproportionne.

Il y a peu, Marianne couronnait B. numéro un au hit parade des intellectuels français. Il était en tête d’une liste de 22 noms parmi lesquels on trouvait les amis habituels : André Glucksmann, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner… A titre indicatif, étant donné qu’ils mettent la "faible" létalité de la guerre de Palestine pour la qualifier de marginale, il faudrait peut-être leur signaler que la guerre d’Irak qu’ils ont appelée de leurs vœux et soutenue a fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Pourquoi ne fait-elle pas l’objet de leur attention ?

Est-il besoin de signaler que dans ce hit parade, symbole d’une époque où les faussaires tiennent le haut du pavé, ne figurent ni Edgar Morin, ni Alain Touraine, niEmmanuel Le Roy Ladurie ?

Ecoutons Yves Charles Zarka, philosophe pourtant peu suspect d’antisionisme et même favorable à Israël : Aujourd’hui, l'intellectuel est devenu un histrion sans œuvre ni autorité, mais doté d'une place dans les réseaux de pouvoirs pour se maintenir dans la visibilité médiatique. Agis de telle sorte que tu continues à être visible ! Tel est son impératif catégorique, la loi qui commande ses faits et gestes. C'est là l'aspect dramatique de l'affaire : quelques prédateurs médiatiques ont entraîné le monde intellectuel dans le discrédit.

 

 

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 14:06
"Malheur aux peuples qui ont besoin de héros"
C’est l’apostrophe que met Bertold Brecht dans la bouche d’un personnage de sa pièce, La vie de Galilée.  Cette prophétie aurait pu, pourrait, s’adresser aux peuples du monde arabe et que, peut-être, la révolution tunisienne contribuera à lever la malédiction.
Un des signes les plus évidents du sous-développement des peuples du monde arabe est la prolifération de dirigeants réputés indéboulonnables qui se sont succédé à leur tête et la relation complexe qu’ils ont nouées avec eux.
Le signe le plus patent de ces régimes est la privation de liberté avec son inévitable corollaire, la répression. Elle s’est exercée parfois avec brutalité, notamment au Maroc, au Soudan, en Syrie ou en Irak, pays où des oppositions à caractère politique mais aussi religieuses ou claniques ont pris suffisamment d’importance pour inquiéter les dictateurs locaux. Ailleurs, la contestation des régimes a été d’une relative discrétion, ce qui a permis aux pouvoirs en place de manifester une certaine souplesse dans le traitement des rares opposants. Cela a été le cas de l’Algérie avant l’irruption du fondamentalisme politique, de la Tunisie et de l’Egypte au temps des leaders historiques. Dans ces pays, on peut considérer que, nonobstant l’absence d’élections démocratiques, il y avait une forme de consensus tacite entre les dirigeants et la population.
Cette forme d’autoritarisme paternaliste s’est manifestée à travers trois figures de leaders arabes, le Tunisien Bourguiba, l’Algérien Boumediene et l’Egyptien Nasser. La situation actuelle de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Egypte montre que ces leaders historiques n’ont pas réussi à faire de ces pays des nations modernes, développées ou en voie de le devenir. Qui ne se souvient de l’Algérie de Boumediene, abreuvée de discours flamboyants, couvertes d’éléphants blancs, des usines livrées « produits en mains », vite tombées en décrépitude ? Qui ne se souvient de l’arbitraire dans l’obtention d’un logement, d’une autorisation de sortie, d’une licence d’importation ? Qui ne se souvient de la grande misère du petit peuple du Caire, du délabrement des écoles égyptiennes ? Qui ne se souvient de l’immense humiliation de juin 1967, infligée par Israël à l’ensemble du monde arabe, mais surtout à l’Egypte qui se posait en phare ? Qui ne se souvient de la Tunisie de l’époque du « Grand Combattant » devenu sénile et s’accrochant à son palais présidentiel ?
Et pourtant, chacun a en mémoire les scènes de détresse collective qui ont accompagné l’enterrement de Houari Boumediene ou de Gamal Abdenasser, ces centaines de milliers d’hommes et de femmes en pleurs, inconsolables. Si Bourguiba a connu une sortie de scène moins dramatique, c’est parce qu’il avait été déposé de son vivant et que l’oubli l’avait déjà largement recouvert avant sa mort.
Comment expliquer l’immense peine qui s’est emparée de l’Algérie et de l’Egypte au moment de la mise en terre de ces présidents ?
Sans doute incarnaient-ils à la perfection l’image du père, à la fois bienveillant et menaçant. Au moment de la séparation, nous nous sommes sentis orphelins, désemparés. Ce père nous dispensait de nous interroger, de prendre des décisions, de construire notre avenir. Il pensait pour nous, travaillait pour nous. Bien sûr, nous trouvions quelquefois son emprise pesante, comme n’importe quel bon fils à l’égard d’un père jugé parfois envahissant. Bien entendu, il était hors de question de remettre en cause une autorité qui nous permettait de nous soustraire à toute responsabilité. Bien sûr, il était hors de question de la contester alors même que la mort nous l’avait dérobée. Qui aurait le cœur de s’appesantir sur les défauts de son géniteur pendant que la terre le recouvre ? Bien au contraire, nous avons ressenti un sentiment de solitude et de précarité en nous demandant ce que nous allions devenir. A ces interrogations, nous n’avons pas jugé utile de voir dans la mort du père un signal d’affranchissement, d’accès à l’âge adulte et la prise en main de notre destin. On raconte qu’autrefois, quand on annonçait à quelqu’un la mort de son père, ses premiers mots étaient : "Malektou Amri" (Je suis maître de mon destin). Ce n’est pas la réaction de notre peuple à la mort de Boumediene. En fait, depuis cette date et jusqu’à nos jours, il n’a de cesse de se trouver un nouveau père. Tout en faisant mine de le critiquer, il ne manque jamais de se réfugier sous son ombre tutélaire en lui renouvelant ses suffrages.
Nous sommes en crise. Nous savons à présent, pour en avoir testé quelques-uns, que le sauveur n’est pas de ce monde. Ce constat nous a conduits au désespoir, la Harga, l’émeute destructrice et nihiliste. Il faut que la prochaine étape soit un retour sur nous-mêmes et au questionnement de fond que doit se poser chacun, chacune d’entre nous : Quelle est ma part de responsabilité dans la situation de mon pays. Que dois-je changer dans mon comportement individuel et collectif pour contribuer à l’épanouissement de ma société ? Accepter d’envisager cette question constituerait un progrès déterminant dans la construction de notre Nation. Nous faisons face à un problème existentiel : Notre incapacité à nous organiser en société est-elle liée à notre histoire, aux trop nombreuses décennies d’acculturation ? Sommes-nous une communauté de hasard ou une communauté de destin ? Je penche sincèrement pour la seconde hypothèse. Il y a des traits de caractère dans notre peuple qui disent son immense générosité, son attention aux vieillards, son courage. Ces qualités sont comme des traces de temps anciens durant lesquelles nous avons formé une société harmonieuse, cohérente. Il faudrait que nous revisitions ce passé. C’est la condition de notre projection dans l’avenir et la modernité. C’est la condition d’une véritable émancipation qui transformerait chacun, chacune d’entre nous en acteur de son propre destin et de notre destinée collective.

 

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 11:13

"Il faut que tout change pour que rien ne change",

Tunisie, la révolution confisquée ?

 

Décidément, la célèbre phrase que met Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa, dans la bouche de Don Fabrizio Salina, personnage central du roman Le Guépard, semble plus que jamais d’actualité.

La  toile de fond du roman est l’unification italienne sous la houlette de Garibaldi, qui marqua la transition entre un ordre ancien et un nouvel ordre. L’auteur attaque l’opportunisme qui caractérisa cette époque, loin de l’image romantique dont elle bénéficie dans l’historiographie officielle de l’Italie. Il décrit la résistance de la noblesse à l’irruption de la modernité et comment, du fait de cette résistance, elle a participé à la naissance de la mafia actuelle.

Ce mot d’ordre, il faut que tout change pour que rien ne change, est devenu le symbole de ce qu’on a appelé le conservatisme intelligent. Il rappelle la nécessité de réformer en douceur un système dominant pour lui permettre de perdurer. Les adeptes de l’immobilisme feraient ainsi le lit de la Révolution, il faut que rien ne change pour que tout change.

Ben Ali, conservateur à la poigne de fer, a maintenu un système rigide qui a amené l’explosion de décembre 2010-janvier 2011. Pour autant, l’explosion ne s’est pas encore traduite par une révolution. Le gouvernement qui vient de se constituer est une insulte aux sacrifices de la jeunesse de Tunisie. Comment peut-on imaginer un seul instant que les personnages qui ont interprété la partition écrite par Ben Ali pourraient en jouer une autre ? Or, ils restent aux commandes aux postes essentiels. N’ont été concédées à l’opposition officielle (celle qui était déjà tolérée par le dictateur) que quelques miettes. Par ailleurs, ce gouvernement "nouveau" vient d’annoncer que les prochaines élections législatives n’auront lieu que dans six mois…

A l’évidence, il y a une tentative de reprise en main, une sorte de contre révolution de velours, visant à déposséder le peuple tunisien de sa victoire. Cela se fait au nom de l’impératif de "stabilité" claironné par les dirigeants tunisiens et repris en boucle en France et aux Etats-Unis. Il faut que les touristes reviennent, c’est l’appel angoissé, lancinant des agences de voyages, des journaux télévisés qui présentent la grande détresse des rares (et donc courageux) touristes, continuant à siroter du thé à la menthe dans des hôtels de luxe et à faire leur gymnastique matinale sur des plages ensoleillées, en dépit de la menace des snipers et des pillards.

En bref, il faudrait que la Tunisie redevienne… la Tunisie, un pays prospère, peuplé de gens avenants, prévenants, dociles. Bien sûr, il faut prendre en compte leur colère passagère et leur accorder quelques petites libertés. Il faut surtout donner l’impression que ces changements sont profonds, radicaux même.

En bref, ce que font les dirigeants actuels consiste à convaincre le peuple que tout change pour qu’en réalité, rien ne change.

 

 

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