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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 12:35

Changement de cap !

http://www.impact24.info/changement-de-cap/

La COP21 vient de livrer son verdict. Ce n’est pas un mince succès que d’avoir réussi à mettre d’accord 196 Etats sur un texte commun. C’est que l’heure est grave. Les dégâts causés par le dérèglement climatique sont aujourd’hui visibles. Des morceaux de banquise se détachent et dérivent dans les océans arctique et antarctique avant de disparaître. Des îles densément peuplées sont menacées de submersion. Au Bangladesh, de plus en plus de paysans fuient leurs terres englouties pour s’agglutiner dans les faubourgs de la capitale, Dacca, au bord de la congestion. Les glaciers d’Europe disparaissent progressivement. La vie est rythmée par les sécheresses et les inondations catastrophiques tandis que la fréquence et la puissance des cyclones sont en augmentation constante. Il est à craindre que le nombre de réfugiés climatiques dépasse celui des réfugiés politiques. Le tableau est peu reluisant. Il promettait de devenir apocalyptique. Fort heureusement, un réflexe de survie a permis l’apparition de cette lueur d’espoir que constitue l’accord de Paris.

Une bonne nouvelle ? Assurément. Pour tout le monde ? Retour en Algérie...

La chute des prix du pétrole a créé, comme chacun sait, une situation de crise. La réponse du gouvernement consiste à ponctionner sur la population le manque à gagner induit par cette chute. Cela s’est traduit par l’adoption de cette fameuse Loi de Finances Complémentaire qui se traduit par un recours brutal à une politique d’austérité. Le moins qu’on puisse dire est que cette loi a été mal accueillie, d’abord parce qu’elle est de nature à aggraver la paupérisation des Algériens mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’elle émane d’un régime qui s’est signalé par la gabegie et la corruption. Si on ne connait évidemment pas le montant des sommes détournées, on peut les estimer à des centaines de milliards de dollars. Cet argent a été perdu pour les infrastructures, la santé, l’éducation, en un mot pour le développement. Ce régime n’a pas fait amende honorable. Il n’a pas non plus abandonné la matrice qui a produit une prédation systémique. C’est à bon droit que la population lui dénie la légitimité pour exiger d’elle des sacrifices alors même qu’il est responsable de la situation. Cette crise n’est pas conjoncturelle. Elle est structurelle. La meilleure preuve en est fournie par le déballage dangereux dont Alger est le théâtre et qui constitue un symptôme de la gravité de l’heure.

Comme à l’accoutumée, le Pouvoir fait le gros dos, le regard rivé sur les cours des hydrocarbures, escomptant une remontée des cours qui lui permettrait de disposer de nouveau des moyens d’assurer sa pérennité en achetant la paix sociale et en éteignant l’incendie qui menace. Il entretient l’illusion en annonçant, par la bouche du Premier Ministre, "de nouvelles découvertes d’énergie enregistrées chaque année" et en laissant entrevoir l’existence d’un gros potentiel en matière de réserves énergétiques souterraines. Il annonce également la poursuite des opérations d’exploration de gaz de schiste, destinées théoriquement à "connaître les potentialités de l’Algérie pour les quinze ou vingt prochaines années". Par ailleurs, il précise qu’"une réflexion est engagée sur les moyens d’exploitation de ces nouvelles découvertes d’hydrocarbures non conventionnels." A l’entendre, on se dit qu’il n’y a pas que les hydrocarbures qui méritent le qualificatif de "fossiles" !

Cette attitude n’est plus tenable. La première leçon de la COP 21, c’est que le pétrole n’a plus d’avenir. La réduction des émissions de gaz carbonique sur laquelle tous les états de la planète se sont engagés se traduira mécaniquement par une baisse constante de la consommation de pétrole. Les prix sont appelés à baisser encore davantage sans devenir suffisamment attractifs pour rendre prévisible un rebond. En effet, acheter du pétrole reviendra désormais à payer le prix au producteur mais aussi payer pour les émissions carbonées induites par son utilisation. Autant dire que la majeure partie du pétrole disponible est appelée à rester pour l’éternité sous terre. Le gaz connaitra sans doute un sursis. Moins polluant, il ne perdra pas l’intégralité de ses avantages comparatifs mais il ne faudra plus compter sur la distribution de cette "manne céleste" pour servir de substitut à une politique volontariste de développement de la seule ressource pérenne qui soit : le génie et le travail des hommes.

L’Algérie a été appauvrie par cinquante ans d’inconséquence et de prédation. Pour autant, elle conserve des atouts très importants qui présentent de surcroît l’immense avantage d’être plus difficiles à détourner qu’un baril de brut. L’énergie solaire est le principal de ces atouts. Nous avons sans doute le plus grand gisement au monde en la matière. Il s’agit du Sahara, bien sûr.

Des études scientifiques lancées par la Fondation Desertec ont montré l’immense intérêt de produire le solaire saharien et de transporter l’énergie jusqu’en Europe. Qu’on en juge : un kilowattheure à 16 centimes d’euros, un rendement des panneaux solaires de 30 % (contre 14% en Europe). Chaque kilomètre carré de désert reçoit annuellement une énergie solaire équivalant à 1,5 million de barils de pétrole. En six heures, les déserts dans leur ensemble reçoivent plus d'énergie du soleil que ce que consomme l'ensemble du genre humain en une année. A titre indicatif, il suffirait de couvrir 6 % de la surface du Sahara en capteurs solaires pour répondre à la demande mondiale d’énergie ! La transporter jusqu’en Europe ne pose pas non plus de problème technique majeur. Les pertes seraient de l’ordre de 2 à 3 % tous les mille kilomètres. Moins de 8 % de l’énergie envoyée à Paris seraient perdus.

Evidemment, il reste la question du coût de l’investissement. Il est très élevé. C’est d’ailleurs ce qui a conduit au relatif échec de Desertec, abandonné par les grands groupes industriels européens effrayés par la valse des centaines de milliards de dollars que nécessiterait la mise en place du réseau. Toutefois, les choses ont changé. La Cop 21 est passée par là et l’accord dont elle a accouché redonne vie au projet. De fait, il est de plus en plus question d’une relance, plus modeste que dans sa version initiale, mais qui promet de se développer.

Un gouvernement vertueux s’attacherait à mettre les potentialités algériennes au service de projets de cette nature. Il gagnerait sur tous les tableaux. Les retombées économiques seraient considérables. Le poids politique du pays serait plus grand, ce qui lui permettrait de traiter dans une meilleure position avec ses partenaires. Enfin, il prendrait sa part, toute sa part, dans la préservation de notre planète !

A l’évidence, le gouvernement en place ne semble pas indiqué pour conduire une telle politique. Il est prisonnier des lourdeurs du passé et d’habitudes acquises incompatibles avec l’exercice d’une autorité transparente. De plus, il n’est pas certain qu’il saurait trouver les mots pour inciter la population à prendre sa part dans cette œuvre nouvelle. Espérons qu’il lui reste suffisamment d’intelligence et de patriotisme pour participer à l’organisation d’une transition douce vers un régime en phase avec les temps nouveaux…

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