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10 décembre 2009 4 10 /12 /décembre /2009 13:40

Pourquoi un Tribunal Russell sur la Palestine ?

 

 

Il y a un fait désormais établi aux yeux de l’opinion publique mondiale. Israël n’a pas la volonté de faire la paix avec les Palestiniens sur la base du droit international. La politique menée depuis des décennies par tous les gouvernements israéliens n’est qu’une longue litanie d’évitements, de recherche de cadres qui seraient autant de substituts à celui que fixent les résolutions onusiennes, l’Avis de la Cour Internationale de Justice de juillet 2004… Les Accords d’Oslo constituent le premier exemple de cette stratégie de remplacement de la contrainte de la légalité internationale par une politique de négociation sans fin, négociation ne comportant aucun préalable, aucune référence aux textes juridiques pertinents. La Feuille de Route obéit à la même logique, encore plus perverse puisque, non seulement les résolutions votées par l’ONU ne sont plus considérées comme la base unique de règlement du conflit, mais encore l’ONU est ravalée au rang de comparse au sein d’un Quartette au sein duquel la prédominance des Etats-Unis ne fait aucun doute.

Cela fait donc deux décennies qu’un fantomatique " processus de paix " est censé apporter un règlement politique, tout ceci sur fond de massacres de populations civiles comme à Gaza, d’extension de la colonisation, d’édification d’un Mur dont le but est d’annexer sans cesse plus de territoires. Itzak Shamir, Premier Ministre israélien que Bush père avait " contraint " à s’asseoir à une table de négociations avec les Palestiniens à Madrid, avait déclaré être d’accord pour fonder un processus de paix à condition qu’il y ait " beaucoup de processus et pas beaucoup de paix ".

L’avènement d’Obama a pu laisser espérer un infléchissement de la politique étatsunienne dans un sens moins favorable à Israël. Quelques coups de semonce du puissant lobby israélien ont vite fait litière des belles résolutions du discours du Caire.

Il faut se rendre à l’évidence. La Palestine, étranglée, appauvrie, démunie, voit se dresser contre elles une coalition rassemblant les états les plus puissants de la planète, les Etats-Unis, l’Europe, ainsi que certains états, dont des régimes arabes qui croient pouvoir trouver leur salut en troquant la défense de la Palestine contre la pérennité de leur pouvoir.

Que faire ?

Il faut que l’opinion publique internationale réalise que la pièce qui se joue au Proche-Orient peut, si elle ne s’en mêle, devenir une tragédie, celle de la disparition d’une nation et d’un peuple. Une telle issue, outre son caractère révoltant, aurait des conséquences incalculables sur la stabilité du monde. En effet, elle enverrait aux peuples le signal que la justice, le droit, n’ont plus cours et que le primat de la force redevient la norme. Ce serait bien entendu une mauvaise nouvelle, non seulement pour les populations du tiers-monde mais aussi pour celles des pays développés, car promises à un avenir où le tout sécuritaire liberticide ne réussira pas à les prémunir contre les attentats terroristes.

Nolens volens, la Palestine est devenue une cause emblématique, une sorte de marqueur de l’état du droit dans le monde. Il y a d’autres tragédies de par le monde, souvent bien plus meurtrières. Les hérauts du sionisme ne manquent d’ailleurs pas d’en faire l’un des éléments de leur propagande en nous invitant à " regarder ailleurs ". Il se trouve que les victimes de ces tragédies soutiennent elles-mêmes la cause palestinienne. Les keffiehs fleurissent partout, en Europe mais aussi en Afrique et en Asie ! Tout se passe comme si la souffrance du monde s’incarnait dans la figure du Palestinien.

C’est dans ce contexte qu’est née l’initiative du Tribunal Russell sur la Palestine. Le Tribunal Russell a été fondé en 1966 par le mathématicien anglais et prix Nobel de littérature Lord Bertrand Russell à l’époque de l’agression étatsunienne au Vietnam. Pour définir l’esprit et l’objectif de ce Tribunal, il eut ces mots : " Puisse ce Tribunal prévenir le crime de silence ". La sentence, délivrée par Jean-Paul Sartre qui en fut le président, eut un effet considérable sur l’opinion publique et contribua sans doute à hâter la fin de la guerre.

C’est l’espoir que cultivent les initiateurs du Tribunal Russell sur la Palestine. Toutefois, dans leur esprit, la fin du conflit israélo-palestinien doit résulter d’une solution juste, fondée sur le droit. Israël empêche une telle solution d’émerger et viole de façon délibérée le droit international. Ces violations ont été constatées à maintes reprises. Les instances onusiennes ne peuvent pas faire autrement que de constater l’absence d’exécution des résolutions qu’elles ont édictées. La Cour Internationale de Justice constate également les infractions au droit et aux conventions de Genève. Amnesty International et Human Rights Watch décrivent par le menu les infractions commises par les Israéliens. Le rapport Goldstone fait état de crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité perpétrés à Gaza.

Le Tribunal Russell n’a donc pas pour objectif de dresser une nouvelle fois la liste des crimes commis par Israël. Il se contentera de les rappeler, avec la force qui convient.

Son objet est de juger, devant l’opinion internationale, les acteurs, Etats ou organisations, qui ont permis aux criminels de se soustraire à la justice. Il désignera à l’opinion internationale les acteurs, Etats ou organisations, qui ont permis à Israël de bénéficier d’une scandaleuse impunité.

Gageons que l’opinion internationale se saisira de la sentence qu’il prononcera et l’agitera sous le nez de ses gouvernants pour les contraindre à faire respecter le droit.

Le lecteur intéressé pourra se reporter au site :

 

www.russelltribunalonpalestine.com

Il y trouvera l’Appel, la composition du Comité de parrainage, les textes fondateurs, la clendrier des événements…

 

Brahim SENOUCI, membre du Comité d’Oranisation du Tribunal Russell sur la Palestine

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