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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 19:03

Hommage à Stéphane Hessel à l’Institut du Monde Arabe Geneviève Coudrais AFPS, dimanche 2 mars 2014 Le 27 février, à l’Institut du Monde Arabe, un hommage vibrant a été rendu à Sté­phane Hessel, "citoyen sans fron­tières", devant une salle comble (400 places) Un an après sa dis­pa­rition, les Jeudis de l’IMA ont rendu hommage à Sté­phane Hessel. Je pense qu’il s’agit là d’un évé­nement que vous auriez tous aimé par­tager et je me permets de vous en pré­senter un bref compte rendu. Brahim Senouci, ani­mateur de la soirée, l’a introduit en dis­tin­guant la mort de la dis­pa­rition : Sté­phane est mort mais il ne dis­pa­raîtra pas ! Il a insisté sur la cohé­rence dont il a fait preuve tout au long de sa vie, cohé­rence qui sera le fil du dis­cours de tous les inter­ve­nants et reprise en conclusion par Chris­tiane, comme une évi­dence, « cohé­rence en étroite conformité avec ses idéaux, son pen­chant à rechercher ce qu’il y a de meilleur chez l’autre, à rechercher dans la nuit la plus noire des raisons d’espérer, son huma­nisme qui était sa boussole, le fil directeur de son action ». Il a évoqué son opti­misme résolu, « nourri par une sorte d’impossibilité du mal qui était chez lui un état mental ». « Frère des hommes, de tous les hommes, c’était un homme du monde, à la bonté inépui­sable, bonté à propos de laquelle il aimait à citer ce vers d’Apollinaire, extrait de « la jolie rousse » : « Nous voulons explorer la bonté, contrée énorme où tout se tait ». Après les remer­cie­ments qui lui ont été adressés par Mon­sieur l’ambassadeur Hael Al Fahoum au nom des Pales­ti­niens, Michel Rocard est intervenu en sa qualité de copré­sident du Col­legium éthique inter­na­tional auquel appar­tenait Sté­phane. Il a insisté d’abord sur sa qualité de fonc­tion­naire, caté­gorie actuel­lement méprisée par l’Etat dans une partie du dis­cours public et qui résulte pourtant d’un choix, celui du service de l’intérêt général, de l’intérêt général français mais aussi mondial. Il s’est référé, évi­demment au goût de Sté­phane pour la poésie dont l’oubli a fait mourir l’Occident (Pierre Thuillier « la grande implosion »). Il l’a dit, enfin, « créateur de paix », paix plus dif­ficile que la guerre en ce qu’elle implique de com­promis et de recon­nais­sance de l’autre, paix tou­jours recherchée par Sté­phane qui ne dénonçait jamais un conflit sans chercher et pro­poser une solution. Bernard Miyet (ancien haut fonc­tion­naire et diplomate) l’a dit « homme de toutes les causes nobles », à la recherche tou­jours de l’intérêt uni­versel : le déve­lop­pement de la planète, des pays du Sud, les droits de l’homme – à quoi nous pouvons ajouter sans être exhaustifs la lutte pour les sans papiers, pour l’écologie, pour la paix au Proche-​​Orient, dont sa pré­si­dence du Tri­bunal Russell sur la Palestine et bien d’autres… - Il était un homme libre par excel­lence, un homme de l’ONU, conscient des fai­blesses de cette orga­ni­sation mais ayant foi en elle comme la seule solution. Il était l’incarnation du « négo­ciateur », subtil, bien­veillant à l’autre, même au plus modeste, ferme et doux à la fois, avec de l’humour et des phrases bien ciselées. Il était un « idéa­liste prag­ma­tique » pour Louis Joinet (qui a été notamment expert indé­pendant auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU), conseillant dans les négo­cia­tions de se mettre d’abord à la place de l’autre et, en tout cas, de faire en sorte que tout le monde en sorte par le haut. Il aimait à jouer de bons tours..Il était un « faci­li­tateur », portant une attention aussi grande aux Etats qu’aux sociétés civiles. Martine Brousse (direc­trice de la Voix de l’enfant) a dit sa chance d’avoir pu mettre ses pas dans les pas de Sté­phane, décrivant l’alchimie heu­reuse à laquelle il par­venait entre la diplo­matie, le service de l’Etat et le travail de terrain, tou­jours sou­cieux de la société civile. Elle a rappelé leur der­nière mission à Gaza où Sté­phane apportait la sérénité devant la souf­france indicible. Ce qui n’est pas sans rap­peler comment Sté­phane se défi­nissait lui-​​même dans « Citoyen sans fron­tières » : « cos­mo­polite, Français, résistant, diplomate, soli­daire, européen, men­dé­siste et médiateur ». Après une brève conclusion de Chris­tiane, insistant sur le fait que la société civile est en train de prendre le pouvoir et que nous devons reprendre à notre compte ce pouvoir, trois films concernant Sté­phane ont été pro­jetés : « Témoins pour la paix » d’Abraham Ségal – 2003 – « une his­toire d’engagement « de Christine Seghezzi – 2008 – et « une vie faite homme » de Sacha Goldman – 2013 – Dans l’un de ces films, Sté­phane dit « nous allons mourir mais nous ne serons pas pour autant in-​​existants ». Il nous manque, certes, mais, pour nous, il est tou­jours existant, il n’a pas disparu.

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